# Rire Génant

En peinture, le rire est difficile à représenter. D’une part un rire est un mouvement et il est donc compliqué de peindre un instant précis de ce rire ; d’autre part la représentation du rire provoque des sortes de malaises chez les spectateurs…

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Pleurnicher et rire faux « Mécanisme de la physionomie humaine » de Duchenne de Boulogne, 1876
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Le Contrat de vente de Quentin Metsys
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 Portrait d’un jeune homme riant d’Annibale Carrache, 1583-1589
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 Garçon riant de Frans Hals, 1625
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Le Démon Riant de Katsushika Hokusai, 1831
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Autoportrait de Rembrandt

# Rire Sarcastique

Yue Minjun est né en 1962 à Daqing, dans la province du Hei Long Jiang en Chine. Il d’abord commencé à peintre en amateur, avant de partir étudier l’art en 1985 à l’école normale de la province du Hebei. C’est au sein de la communauté d’artistes du village du Yuanmingyuan, près de Pékin au début des années 1990, qu’il commence à définir son style ainsi que les contours de son principal sujet : le rire. Au même moment se développe en Chine un nouveau courant artistique dont Yue Minjun a souvent été considéré comme un des principaux représentants, le « réalisme cynique ». Marqués par un climat social tout à fait différent de celui des années 1980 et par l’ouverture de l’économie chinoise au marché mondial, les jeunes artistes ont rompu à la fois avec le « réalisme socialiste » et avec les avant-gardes. Ils portaient un regard plus sarcastique et moins idéaliste sur leur environnement.

« C’est pour cela que le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance, a une grande importance pour ma génération » a dit Yue Minjun en parlant de ses débuts.

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Yue Minjun

Vous l’aurez donc compris, le rire est très important pour cet artiste. Yue Minjun revisite les codes du grotesque par une iconographie haute en couleur et hantée de personnages au rire énigmatique. Ses œuvres portent un regard assez ironique et désabusé sur le contexte social de la Chine contemporaine et sur la condition humaine dans le monde moderne.

Yue Minjue est un artiste à l’image d’une génération fortement marqué par le contexte et l’histoire de la chine contemporaine. Et c’est pourquoi dans ses œuvres, il nous propose le rire comme exutoire.

 

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Yue Minjun, sans titre, 1994, Huile sur toile, Collection privée © Yue Minjun
sans-titreMinjun, « The Execution », 1995, Huile sur toile, 150 x 300 cm, Collection privée © Yue Minjun

 

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YueMinjun, « TheSun », 2000, Acrylique sur toile, 200 x 280 cm, Collection privée © Yue MinjunYue

 

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Yue Minjun, « Memory-2 », 2000, Huile sur toile, 140 x 108 cm, Collection de l’artiste, Pékin.
© Yue Minjun

 

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Exposition « Yue Minjun », Times Square, Hong Kong 2008

# Fou Rire

L’arme fatale 4 est un film réalisé en 1998 par Richard Donner.

A Los Angeles, après plusieurs missions, Martin Riggs et Roger Murtaugh sont devenus de très bons amis et forment désormais un duo de policiers très efficace. L’un est sur le point de devenir père tandis que l’autre va être grand-père. Une nuit ils décident d’aller pécher ensemble avec un ami commun, mais ils vont y découvrir un cargo transportant des clandestins chinois et Murtaugh recueille alors une famille qu’il va cacher aux autorités. Au cours de l’enquête qu’ils vont mener afin de connaître l’histoire de cette famille clandestine, ils vont devoir s’approcher des triades chinoises…

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Afin de retrouver cette famille clandestine, ils vont être amenés à interroger un homme. Ce qui devait être un interrogatoire terrifiant et dure comme il y a dans tous les films actuels (avec une scène de torture), est rapidement devenu une scène de fou rire entre le suspect et les policiers.

Paradoxalement, le rire est étroitement lié à son contraire émotionnel c’est-à-dire les pleurs, avec qui il peut parfois se retrouver mélangé. Et c’est exactement ce à quoi l’on assiste dans L’arme fatale 4. A cause du gaz hilarant dans la pièce, les policiers autant que le « méchant » se retrouvent entrainés dans un fou rire qui ne semble pas s’arrêter. Ils rient de tout et de rien sans ne plus se préoccuper de la famille qu’ils recherchaient ! Ils en rient jusqu’aux larmes !

Le fou rire est une forme de rire à l’extrême, un rire intense que nous ne pouvons pas contrôler et qui dure souvent assez longtemps.

En l’occurrence, dans cette scène les spectateurs se sentent obligés de rire également. Certains disent que le fou rire est « contagieux » tandis que d’autres trouvent simplement que la situation ridicule et amusante fait énormément rire. Quoi qu’il en soit, ceci est d’autant plus une scène de rire qu’une scène qui fait rire.

# Rire Moqueur

Le Diner de Cons, un film de Francis Veber réalisé en 1998.

Chaque mercredi, Pierre Brochant participe à un dîner avec des amis. Le but de ce dîner est d’amener avec soi un homme ridicule qu’ils qualifient de « con ». Pierre Brochant a finalement réussi à trouver un très bon con pour ce mercredi : il s’appelle François Pignon. Cependant il se fait très mal aux reins et se retrouve dans l’incapacité d’aller à ce dîner. Il passe alors toute la soirée avec Pignon qui ne cesse de faire des « conneries’ et d’être maladroit. Tout le film repose sur cette soirée et sur les absurdités de Pignon.

LE DINER DE CONS
LE DINER DE CONS DE FRANCIS VEBER THIERRY LHERMITTE JACQUES VILLERET

Ce film est doté de situations qui ne font que faire rire le public. Cependant une scène reste marquante. Juste LeBlanc est venu rejoindre son ami et rival Pierre Brochant afin de prendre de ces nouvelles, et c’est à ce moment qu’il rencontre François Pignon. Il se met alors a rigoler sans ne plus pouvoir s’arrêter lorsqu’il apprend que le « con » que son ami devait emmener dîner, a dû passer la soirée avec lui. Puis ensuite, il est nettement pris d’un fou rire quand il apprend qu’en plus de cela Pignon est en train de « détruire » sa vie. Il est en réalité en train de se moquer de la situation dans laquelle son ami Pierre se retrouve. On le voit dès le début de la scène en train de rigoler mais également tout au long de la scène puisqu’il la termine en riant.

Le rire moqueur fonctionne en quelque sorte comme un jugement qui vient sanctionner un comportement. Ici Juste LeBlanc rit de son ami car le retournement de la situation prouve qu’il l’a bien cherché : inviter un « con » et être la « victime » de ce même « con ». Ce rire moqueur est très souvent utilisé dans les films comiques au cinéma afin de réaliser des scènes ridicules qui nous font rire. Dans cette scène, le rire de Juste LeBlanc est particulièrement drôle ce qui rend la scène d’autant plus comique aux yeux des spectateurs. Le rire est l’élément essentiel de ce film de Francis Veber.

# Rire Terrifiant

« Ça«  ou encore « Il«  est revenu est un film de Tommy Lee Wallace, adapté du roman It de Stephen King, et réalisé en 1990.

Il est revenu

Une petite bande de copains est confrontée à une sorte d’entité malfaisante qui se manifeste sous la forme d’un clown aux ballons multicolores. Ce clown est appelé « ça ». Après la mort d’un petit garçon, ils décident tous de s’allier afin de se débarrasser de cet horrible clown et finissent par le repousser dans les égouts de la ville. Cependant bien des années plus tard, alors qu’ils sont devenus adultes et plus matures, ils apprennent que le clown est réapparu : « ça » est revenu… Les six amis vont alors entreprendre toute une aventure périlleuse afin de vaincre une bonne fois pour toute le terrifiant « ça ».

Plusieurs scènes de ce film sont vraiment mythiques. Mais on retrouve surtout le rire « terrifiant » du fameux personnage qui fait peur à tous les enfants : le Clown. Celui-ci nous offre un rire moqueur à la limite de l’horreur : en bref un rire bien terrifiant. Ce rire est repris plusieurs fois au cours du film, quasiment à chaque apparition du clown devant les six jeunes enfants ou adultes. Son rire horrifiant et terrifiant est en quelque sorte sa signature…

Le rire violent et le rire terrifiant se rapprochent. Cependant, si dans Orange Mécanique (réf : Article 2 catégorie Cinéma) les rires d’Alex et ses amis étaient terrifiants parce qu’ils étaient violents, dans « Il«  est revenu les rires de Pennywise le Clown se veulent d’autant plus terrifiants et angoissants. Il s’agit là d’une sorte de grincement sonore sadique de la part du clown qui est directement adressé à ses victimes, que sont les six amis. Ce rire a pour but de faire peur, d’imposer une ambiance glaciale et de plonger les spectateurs dans une angoisse profonde : digne d’un film d’horreur ou du moins d’un personnage d’horreur. Et c’est tout à fait le cas des multiples rires de Ça ! A chaque fois qu’il apparait et qu’il se met à rire, les personnages deviennent stressés et sont terrifiés à l’idée que le clown s’empare d’eux ou n’arrête jamais de faire de nouvelles victimes. Et nous sommes également terrifiés à notre tour devant notre écran !

La prochaine fois, faites attention quand vous marcherez sur une plaque d’égouts… On ne sait jamais où « ça » peut se cacher !

# Rire Violent

Orange Mécanique est un film britannique de Stanley Kubrick sortit en 1971.

Il s’agit d’un film d’anticipation qui narre l’histoire d’Alex DeLarge, un jeune délinquant très violent, grossier et obsédé par le sexe. Avec ses amis Pete, Georgie et Dim, Alex enchaîne les pires crimes, et cela seulement par ce qu’il a besoin de cette violence. Alex finit pourtant par se faire arrêter et emprisonné car ses propres amis l’ont trahis. Cependant afin de diminuer sa peine, il accepte de suivre un traitement expérimental qui a pour but d’extraire toutes les pulsions violentes et sexuelles de son psychisme. Alex en sort certes « guérit » de toute la violence qu’il contenait, mais le problème qui se pose alors, est qu’il est traumatisé par ce qu’il a vu au cours de son traitement. Confronté à la réalité, il finit par tenter de se suicider.

Même si ce film de Stanley Kubrick donne à réfléchir sur l’éducation et le conditionnement de la société qui risque de se révéler plus immorale que ceux dont elle réprouve le comportement, la scène de rires des quatre adolescents cherche bien a montrer l’attitude assez violente et le caractère barbare de l’individu dans la société en général. En effet, dans cette scène qui se déroule au début du film, pendant qu’Alex est en train de frapper un pauvre clochard les trois autres délinquants rigolent ouvertement face à cette violence qui semble manifestement les amuser.

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Ces rires peuvent être qualifiés de « machiavéliques », « diaboliques » ou tout simplement « violents ». Ce type de rire n’est pas un rire modéré mais plutôt un rire souvent caractéristique des personnages de méchants. Ici, il s’agit clairement d’un rire violent car le message porté par celui-ci provient clairement du plus profond des personnages eux-mêmes. Ils sont agressifs, ce qui explique d’autant plus que leurs rires sont violents. Toutefois, contrairement aux rires complices du film de Gilles Grangier (réf : Article 1 catégorie Cinéma), ces rires violents n’entraînent pas le public à rire également. Nous avons plutôt tendance à éprouver davantage de pitié pour le clochard.

# Rire Complice

La cuisine au beurre est un film de Gilles Grangier réalisé en 1963.

Il met en scène Fernand Jouvin qui est parvenu à s’évader de prison ; et Gerda une hôtelière qui le recueille et le protège en lui faisant oublier qu’il est marié à une dénommée Christiane, aux Martigues. Celle-ci, qui le croyait mort, a ainsi épousé son chef cuisinier André, qui a transformé le petit restaurant « La Bonne Bouillabaisse » en un établissement plus appréciable appelé désormais « La Sole normande ». Quinze ans plus tard, Fernand revient aux Martigues où il compte retrouver sa femme et son restaurant. Mais il se rend compte que sa femme s’est remariée et que la vie a bien changé. André accepte tout de même de le recueillir, ils échangent certains secrets mais restent cependant très jaloux l’un de l’autre.

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Dans ce film, nous pouvons notamment apercevoir une scène de rires « complices » entre les deux personnages principaux que sont Fernand Jouvin et André Colombey (incarnés par les grands acteurs Fernandel et Bourvil). En effet, cette scène a lieu lorsque les deux hommes se sont « réconciliés » sur le dos de leur femme. On apprend a se connaître, puis on devient amis et très vite des complices. Au fils du temps c’est un grand bonheur de partager des rires complices. Et même s’il est clair que l’on ne sait pas ce que les deux hommes se disent exactement (ou plutôt se chuchotent), on remarque tout de même une très bonne communication entre les deux hommes qui entraîne ainsi des rires complices les uns après les autres. Fernand et André rient ensembles à des blagues sûrement très drôles, ils sont joyeux et semblent tout à fait parler de la même chose. Il s’agit ici d’une scène où le rire complice est avant tout mis en avant. Et le fait de regarder les deux personnages rire ensemble pendant un bon petit moment, on ne peut que rire également !